(...) Les plus grands éléments de la Nature sont, je crois, les plus agréables à contempler; et, après la voûte des Cieux, les espaces immenses de l'éther et l'admirable vision des étoiles, il n'est rien qui réjouisse davantage mes yeux et mon âme que le vaste Océan et les hautes montagnes de la Terre. Celles-ci, comme celui-là, ont je ne sais quoi de grandiose et d'auguste, qui inspire à l'esprit de magnifiques émotions et méditations. Alors, spontanément, la pensée s'élève, pour le vénérer, vers le suprême Auteur et Créateur des choses; et nous reconnaissons avec joie que notre esprit, qui contemple cette grandeur, n'est point si petit. Tout ce qui recèle ne fût-ce qu'une ombre d'Infini, emplissent nos sens pour que nous puissions aisément comprendre, répandent en notre âme une sorte d'agréable stupeur. (...)
© Thoma Burnet, repris p. 284 in Umberto Eco, Histoire de la Beauté, Paris, Flammarion, Groupe Madrigall, 2010.© Umberto Eco

© Karl Friedrich Schinkel, The Gate In The Rocks, huile sur toile, 74 x 48 cm, 1818, Berlin, Alte Nationalgalerie.
Louise Van Reeth
" Dans son nouvel essai Sauver la beauté du monde (éditions Iconoclaste, 2019), Jean-Claude Guillebaud choisit l'émerveillement face à la beauté rare et précieuse du monde."
"Ne faudrait-il pas enseigner la beauté du monde, aussi importante que les mathématiques, la physique, le latin. Changer de regard changer d'yeux. Aujourd'hui, on ne prend plus le temps de s'arrêter et de regarder. Est-ce par peur d'être considéré comme simplet car oui, soi-disant, être dans le coup c'est être cynique, galoper toujours, pousser l'intellect et ne pas contempler...."
La Terre au carré, présentée par Mathieu Vidard. émission du vendredi 25 octobre 2019 à réécouter ci-dessous!
Dernière mise à jour : 2 nov. 2020
(...) p.55 : "Toutes choses sont impermanentes. La tendance à rejoindre le non-être est continuelle et universelle. Même les choses qui ont toutes les caractéristiques de la substance (celles qui sont dures, inertes, solides) n'offrent rien de plus que l'illusion de la permanence. Nous pouvons mettre des œillères, recourir à la ruse pour oublier, ignorer ou faire semblant - tout va, à la fin, au non-être. Tout s'use. les planètes, les étoiles, et même les choses immatérielles, comme la renommée, l'héritage scientifiques, les preuves mathématiques, le grand art (...)Toutes choses sont imparfaites. (...) Toutes choses sont incomplètes. Toutes choses, y compris l'univers lui-même, sont en état constant, perpétuel de devenir ou de désagrégation. (...)

p. 66 : "Se défaire du superflu. Le wabi-sabi signifie aller d'un pas léger sur la planète et savoir apprécier ce que l'on rencontre en chemin, même le plus insignifiant, au moment où on le rencontre. "Pauvreté matérielle, richesse spirituelle" sont de mots qui expriment pleinement le wabi-sabi. EN d'autres termes, celui-ci nous incite à cesser de nous préoccuper de tout ce qui a trait au succès (richesse, position sociale, pouvoir et luxe) et à goûter la vie désencombrée. Le wabi-sabi consiste précisément à trouver l'équilibre subtil entre le plaisir que nous retirons des choses et celui que nous retirons de notre liberté par rapport aux choses." (...) p.82 : "Réduisez jusqu'à l'essence, mais n'enlevez pas la poésie. Gardez les choses pures et non encombrées, mais ne les stérilisez pas. (Les objets wabi-sabi sont émotionnellement chauds, pas froids). Cela implique habituellement d'utiliser une gamme restreinte de matériaux. (...)


© LEONARD KOREN, Wabi-sabi à l'usage des artistes, designers, poètes et philosophes, Vannes, Editions Sully, 2015.