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Dernière mise à jour : 2 nov. 2020

Chapitre 3. Militantisme culturel.


(…) D’autre part, nous savons fort bien que la société tente de tout absorber et de tout transformer à sa convenance. Tant que la “nouvelle culture” - c’est le noeud du problème - n’amènera pas au niveau des situations concrètes de la vie quotidienne, tant qu’elle n’aura pas de répercussions sur l’ordre établi les tenants de cet ordre pourront y applaudir, sans courir le moindre danger. On trouve même “amusante” une certaine critique sociologique, tant qu’elle demeure générale et abstraite.


Non. Il ne fait aucun doute que l’apprentissage des choses “essentielles” que pourraient nous transmettre d’autres cultures est toujours entouré de secrets et de mystères. Comme le dit Watts, il existe une sorte de “conspiration” pour nous maintenir dans l’ignorance de ce que nous sommes réellement, pour nous “aliéner”. (…)



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989. p.79.



Beaucoup de gens sont convaincus que l’ouverture culturelle est autre chose qu’une amusante mode vestimentaire, qu’elle implique des objectifs extrêmes sérieux et risqués. Mais il est également urgent de se rendre compte que la culture ne peut se réduire à un catalogue de connaissances, aussi sophistiquées soient-elle. (…) “L’érudition ne qualifie personne pour être un maître”, disait Confucius. Et Yutang nous rappelle que “l’homme véritablement cultivé ou éduqué n’a jamais été un homme qui a nécessairement beaucoup lu ou beaucoup appris, mais celui à qui plaisent les choses qui doivent plaire et à qui déplaisent celles qui doivent déplaire”, avec tout ce que cela implique pour les choix et les décisions de la vie quotidienne. “Parlant d’un sage, les anciens Chinois voyaient tout de suite la différence entre l’érudition, d’une part, et le comportement, le goût et le jugement, de l’autre(…). Un homme éduqué est fondamentalement celui dont les amours et les haines sont justes.” Lin Yutang. La culture est donc intimement liée à des principes généraux de base, mais qui se manifestent dans des prises de position concrètes, qui peuvent se heurter - cela arrive tous les jours - aux lois établies. Aussi étrange que cela puisse paraître, dans toutes les grandes traditions, la culture comporte aussi une grande part d’audace, d’indépendance de jugement et de défi à tout ce qui peut contraindre, opprimer ou censurer. Elle doit être un engagement au quotidien aussi bien contre les attentes à la liberté que contre les plus petites profanations, dans le domaine de l’amour, du travail ou du milieu naturel dont nous avons besoin pour vivre. Elle implique aussi une solidarité politique totale avec les organisations qui luttent dans ce sens. Elle exige une pureté du regard, une innocence et une confiance presque enfantines… (Et malheur à celui qui perd ou abdique son droit au jugement personnel : il est condamné à accepter d’emblée toutes les tromperies du monde !)



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989.


La culture authentique confère une marque de fraîcheur et de santé, de plénitude et de sérénités, fondée sur l’intuition ou la connaissance ultime de notre être, et perceptible dans tous les actes de la vie quotidienne. Elle est la réalisation de l’homme, la Vie même, débarrassée des entraves de l’ego, de tous les dualismes hérités d’une culture absurde et morte, de cette “morale d’esclaves” qui ne sert que les intérêts d’une classe jusqu’à présent dominante, mais heureusement de plus en plus décadente.

Publié dans La Vanguardia le 28 mars 1975.



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989.

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Dernière mise à jour : 2 nov. 2020


Le Vide dans la philosophie chinoise. p. 51.

En Chine, l’idée du Vide existe, dès l’origine, dans l’ouvrage initial de la pensée chinoise qu’est le Livre des Mutations. Ouvrage déterminant, car les principales écoles de pensée nées à l’époque des Royaumes Combattants (Ve s. – IIIe s. avant notre ère) se sont situées par rapport à lui et ont subi son influence. Toutefois, les philosophes qui ont fait du Vide l’élément central de leur système sont ceux de l’école taoïste. L’essentiel de ce système a été formulé par les deux fondateurs de l’école : Lao-tzu et Chuang-tzu (…)

A travers les textes de Lao-tzu et de Chuang-tsu on ne manque pas de constater une sorte de confusion sur le statut du Vide : celui-ci y est perçu comme appartenant à deux règnes : nouménal et phénoménal. (nb Cette dichotomie noumène/phénomène, pour inadéquate qu’elle puisse être, nous parait mieux cerner la pensée chinoise que la dichotomie transcendance/immanence. Par noumène, nous entendons ce qui relève de l’Origine, ce qui est encore indifférencié et virtuel. Par phénomène, nous désignons les aspects concerts de l’univers créé. Les deux, noumène et phénomène, ne sont pas séparés ni en simple opposition ; sans être du même niveau, ils entretiennent des liens organiques.)

Il est à la fois cet état suprême de l’Origine et l’élément central dans le rouage du monde des choses. (…)




- Le Vide participant du nouménal

Le Vide est le fondement même de l’ontologie taoïste. Ce qui est avant le Ciel-Terre, c’est le Non-avoir, le Rien, le Vide.

Chuang-tsu (chap. « Continence du Cœur ») « Le Tao se fixe sur sa racine qui est le Vide. »

Huai-nan-tzu (chap. « Les lois du Ciel ») « Le Tao a pour origine le Vide. Du Vide est né le Cosmos dont émane le Souffle vital. »

D’après les deux dernières citations, on voit que le Vide est lié au Tao « la Voie ». (…)

Quant à Chuang-tsu, il enseigne qu’on ne peut concevoir le Tao qu’en fonction du Vide : Chuang-tsu (chap. « Intelligence voyage dans le Nord ») Sans-Commencement dit : « Le tao ne peut être entendu ; ce qui s’entend n’est pas lui. Le Tao ne peut être vu ; ce qui se voit n’est pas lui. Le Tao ne peut être énoncé ; ce qui s’énonce n’est pas lui. Qui engendre les formes est sans forme. Le Tao ne doit pas être nommé. »

(…)

- Le Vide participant du phénoménal

Après avoir affirmé la primauté du Vide dans l’ontologie taoïste, il convient de souligner l’importance du rôle joué par le Vide dans les domaines du monde matériel. Si le Tao a pour origine le Vide, il ne fonctionne, en animant les Dix-mille êtres, que par le Vide d’où procèdent le Souffle primordial et les autres souffles vitaux. Le Vide n’est pas seulement l’état suprême vers lequel on doit tendre ; conçu comme une substance lui-même, il se saisit à l’intérieur de toutes choses, au cœur même de leur substance et de leur mutation. Le Vide vise la plénitude. C’est lui en effet qui permet à toutes choses « pleines » d’atteindre leur vraie plénitude. Ainsi Lao-tzu a pu dire : « La grande plénitude est comme vide ; alors elle est intarissable » (chap. XLV).





(…) Dans la peinture chinoise rappelons d’abord l’importance de la cosmologie, dans la mesure où la peinture ne vise pas à être un simple objet esthétique ; elle tend à devenir un microcosme recréant à la manière d’un macrocosme, un espace ouvert où la vraie vie est possible. (Wang Wei : « Au moyen d’un menu pinceau, recréer le corps immense du Vide » Tsung Ping : « Le contact spirituel une fois établi, les formes essentielles seront réalisées ; de même sera capté l’Esprit de l’Univers. La peinture ne sera-t-elle pas alors aussi vraie que la Nature elle-même ? » )


© François Cheng, Vide et plein : Le langage pictural chinois, Paris, Éditions du Seuil,1991.

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Dernière mise à jour : 2 nov. 2020


Animals, vegetables and minerals take part in the world of art. The artists feels attracted by their physical, chemical and biological possibilities, and he begins again to feel the need to makes things of the world, not only as animated beings, but as a producer of magic and marvelous deeds. The artist-alchemist organizes lining and vegetables matter into magic things, working to discover the root of things, in order to re-find them and exto them. His work, however, does include in its scope the use of simplest material and natural elements (copper, zinc, earth, water, river, land, snow, fire, gras, air, stone, electricity, uranium, sky, weight, gavity, heights, growth, etc.) for a description or representation of nature. Whet interests him instead is the discovery, the exposition, the insurrection of the magic and the marvelous value of natural elements. Like a organism of simple structure, the artist mixes himself with the environnement, camouflages himself, he enlarges his threshold of things. (…)


Giovanni Anselmo, Senzo titolo (Struttura che mangia), 1968. Granit, fils de cuivre et laitue fraîche, 70 x 23 x 37 cm.

© Giovanni Anselmo © Centre Pompidou, Direction de l'action éducative et des publics, 2001.

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