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Mon œuvre artistique se déploie au cœur de la notion de paysage, d'espace, de la mémoire d'un lieu et de la matière, explorant le lien profond qui unit l'être humain à son environnement naturel. Comment nous connectons-nous à notre environnement naturel, vaste et où l’horizon est lointain, ouvert ? Quel est ce sentiment de plénitude et de force que l’on peut éprouver quand nous parcourons les plaines, la montagne, l’océan ?


La contemplation du paysage nous amène à nous interroger sur la manière dont nous ressentons l'espace naturel. Lorsque nous nous connectons à un environnement naturel vaste, où l'horizon s'étend à perte de vue, nous sommes saisis par un sentiment d'ouverture, de grandeur, de transcendance. C'est le sentiment de plénitude et de force qui nous envahit lorsque nous arpentons les plaines, gravitons les montagnes ou affrontons l'immensité de l'océan. C'est ici que la nature révèle son pouvoir régénérant sur notre âme, un pouvoir qui rappelle la philosophie du "sublime naturel" qui éveille en nous des sentiments de transcendance et d’admiration.


Mon approche artistique s'inscrit dans la philosophie existentialiste en ce sens que je considère que notre expérience de l'espace naturel est bien plus qu'une simple observation. Elle est une interaction profonde entre notre être intérieur et le monde extérieur. Ainsi, le paysage ne se limite pas à un simple décor, il devient un acteur essentiel dans la formation de notre identité. Lorsque nous nous rapprochons de la terre, du minéral, de l'eau et du végétal, notre corps et notre esprit trouvent la quiétude, peut-être parce qu'ils se sentent appartenir à quelque chose de plus vaste, d'infini, et de puissant, qui s'inscrit dans le temps immémorial de notre planète.


Cette réflexion nous conduit naturellement à la notion de temps et de mémoire. Comment pouvons-nous nous définir dans le temps long de l'existence terrestre tout en restant conscients de notre temporalité en tant qu'êtres humains, limitée et éphémère ?

Il semble que notre compréhension et notre acceptation du temps soient profondément ancrées dans notre expérience de la nature, où le temps s'écoule à un rythme différent de celui de la société humaine.


Dans ma recherche artistique, mes créations évoquent la mémoire et la puissance d'un moment intime vécu dans le paysage. J'expérimente avec des matériaux tels que la terre, le marbre et le pigment pour réveiller ces souvenirs et les transcrit en atelier. Mon travail repose sur l'émotion et la spontanéité, guidant le geste dans une danse autour de la toile. Ainsi, je dépose sur la toile, tel un témoignage, le sentiment qui m'a autrefois habité. Mes créations, telles des reliefs, acquièrent leur propre autonomie, invitant chaque observateur à écrire sa propre histoire émotionnelle en les contemplant.


Tout comme la connexion mentale au paysage, l'art peut être une porte ouverte vers des états de conscience modifiée. Il semble que la nature et l'art partagent le pouvoir de guérir l'âme humaine en la purifiant des artifices de la société.


L'acte et le geste artistiques me procurent une satisfaction profonde et insufflent de l'esprit à la matière. Contrairement à une démarche basée sur de nombreux croquis, la mienne s'inscrit dans l'expérience spontanée de la matière. Je puise mon inspiration dans les textures du paysage, dans le graphisme d'une feuille ou les moirages d'une pierre. Ainsi, mon travail artistique devient une célébration de la relation entre l'homme et la nature, une exploration des profondeurs de notre âme à travers la matière et l'expression créative.

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Mon œuvre artistique se déploie au cœur de la notion de paysage, d'espace, de la mémoire d'un lieu et de la matière, explorant le lien profond qui unit l'être humain à son environnement naturel. Comment nous connectons-nous à notre environnement naturel, vaste et où l’horizon est lointain, ouvert ? Quel est ce sentiment de plénitude et de force que l’on peut éprouver quand nous parcourons les plaines, la montagne, l’océan ?


La contemplation du paysage nous amène à nous interroger sur la manière dont nous ressentons l'espace naturel. Lorsque nous nous connectons à un environnement naturel vaste, où l'horizon s'étend à perte de vue, nous sommes saisis par un sentiment d'ouverture, de grandeur, de transcendance. C'est le sentiment de plénitude et de force qui nous envahit lorsque nous arpentons les plaines, gravitons les montagnes ou affrontons l'immensité de l'océan. C'est ici que la nature révèle son pouvoir régénérant sur notre âme, un pouvoir qui rappelle la philosophie du "sublime naturel" qui éveille en nous des sentiments de transcendance et d’admiration.


Mon approche artistique s'inscrit dans la philosophie existentialiste en ce sens que je considère que notre expérience de l'espace naturel est bien plus qu'une simple observation. Elle est une interaction profonde entre notre être intérieur et le monde extérieur. Ainsi, le paysage ne se limite pas à un simple décor, il devient un acteur essentiel dans la formation de notre identité. Lorsque nous nous rapprochons de la terre, du minéral, de l'eau et du végétal, notre corps et notre esprit trouvent la quiétude, peut-être parce qu'ils se sentent appartenir à quelque chose de plus vaste, d'infini, et de puissant, qui s'inscrit dans le temps immémorial de notre planète.


Cette réflexion nous conduit naturellement à la notion de temps et de mémoire. Comment pouvons-nous nous définir dans le temps long de l'existence terrestre tout en restant conscients de notre temporalité en tant qu'êtres humains, limitée et éphémère ?


Il semble que notre compréhension et notre acceptation du temps soient profondément ancrées dans notre expérience de la nature, où le temps s'écoule à un rythme différent de celui de la société humaine.


Dans ma recherche artistique, mes créations évoquent la mémoire et la puissance d'un moment intime vécu dans le paysage. J'expérimente avec des matériaux tels que la terre, le marbre et le pigment pour réveiller ces souvenirs et les transcrit en atelier. Mon travail repose sur l'émotion et la spontanéité, guidant le geste dans une danse autour de la toile. Ainsi, je dépose sur la toile, tel un témoignage, le sentiment qui m'a autrefois habité. Mes créations, telles des reliefs, acquièrent leur propre autonomie, invitant chaque observateur à écrire sa propre histoire émotionnelle en les contemplant.


Tout comme la connexion mentale au paysage, l'art peut être une porte ouverte vers des états de conscience modifiée. Il semble que la nature et l'art partagent le pouvoir de guérir l'âme humaine en la purifiant des artifices de la société.

L'acte et le geste artistiques me procurent une satisfaction profonde et insufflent de l'esprit à la matière. Contrairement à une démarche basée sur de nombreux croquis, la mienne s'inscrit dans l'expérience spontanée de la matière. Je puise mon inspiration dans les textures du paysage, dans le graphisme d'une feuille ou les moirages d'une pierre. Ainsi, mon travail artistique devient une célébration de la relation entre l'homme et la nature, une exploration des profondeurs de notre âme à travers la matière et l'expression créative.

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Chapitre 3. Militantisme culturel.


(…) D’autre part, nous savons fort bien que la société tente de tout absorber et de tout transformer à sa convenance. Tant que la “nouvelle culture” - c’est le noeud du problème - n’amènera pas au niveau des situations concrètes de la vie quotidienne, tant qu’elle n’aura pas de répercussions sur l’ordre établi les tenants de cet ordre pourront y applaudir, sans courir le moindre danger. On trouve même “amusante” une certaine critique sociologique, tant qu’elle demeure générale et abstraite.


Non. Il ne fait aucun doute que l’apprentissage des choses “essentielles” que pourraient nous transmettre d’autres cultures est toujours entouré de secrets et de mystères. Comme le dit Watts, il existe une sorte de “conspiration” pour nous maintenir dans l’ignorance de ce que nous sommes réellement, pour nous “aliéner”. (…)



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989. p.79.



Beaucoup de gens sont convaincus que l’ouverture culturelle est autre chose qu’une amusante mode vestimentaire, qu’elle implique des objectifs extrêmes sérieux et risqués. Mais il est également urgent de se rendre compte que la culture ne peut se réduire à un catalogue de connaissances, aussi sophistiquées soient-elle. (…) “L’érudition ne qualifie personne pour être un maître”, disait Confucius. Et Yutang nous rappelle que “l’homme véritablement cultivé ou éduqué n’a jamais été un homme qui a nécessairement beaucoup lu ou beaucoup appris, mais celui à qui plaisent les choses qui doivent plaire et à qui déplaisent celles qui doivent déplaire”, avec tout ce que cela implique pour les choix et les décisions de la vie quotidienne. “Parlant d’un sage, les anciens Chinois voyaient tout de suite la différence entre l’érudition, d’une part, et le comportement, le goût et le jugement, de l’autre(…). Un homme éduqué est fondamentalement celui dont les amours et les haines sont justes.” Lin Yutang. La culture est donc intimement liée à des principes généraux de base, mais qui se manifestent dans des prises de position concrètes, qui peuvent se heurter - cela arrive tous les jours - aux lois établies. Aussi étrange que cela puisse paraître, dans toutes les grandes traditions, la culture comporte aussi une grande part d’audace, d’indépendance de jugement et de défi à tout ce qui peut contraindre, opprimer ou censurer. Elle doit être un engagement au quotidien aussi bien contre les attentes à la liberté que contre les plus petites profanations, dans le domaine de l’amour, du travail ou du milieu naturel dont nous avons besoin pour vivre. Elle implique aussi une solidarité politique totale avec les organisations qui luttent dans ce sens. Elle exige une pureté du regard, une innocence et une confiance presque enfantines… (Et malheur à celui qui perd ou abdique son droit au jugement personnel : il est condamné à accepter d’emblée toutes les tromperies du monde !)



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989.


La culture authentique confère une marque de fraîcheur et de santé, de plénitude et de sérénités, fondée sur l’intuition ou la connaissance ultime de notre être, et perceptible dans tous les actes de la vie quotidienne. Elle est la réalisation de l’homme, la Vie même, débarrassée des entraves de l’ego, de tous les dualismes hérités d’une culture absurde et morte, de cette “morale d’esclaves” qui ne sert que les intérêts d’une classe jusqu’à présent dominante, mais heureusement de plus en plus décadente.

Publié dans La Vanguardia le 28 mars 1975.



© Antoni Tapiès, La Réalité comme Art, Paris, Daniel Lelong édition, 1989.

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